Non, Cavani n'a pas le Blues

Jamais deux sans trois. Comme le dit l’adage, deux PSG-Chelsea ne pouvaient avoir lieu sans un troisième, sorte de belle dans ce « nouveau classique » de la Ligue des Champions, comme le surnomma le PSG. Mal en point en championnat avec une très terne 12ème place, le club londonien retrouve peu à peu ses couleurs depuis l’arrivée du pompier Guus Hiddink. Large vainqueur de Newcastle le week-end dernier (5-1), le club de la capitale anglaise se déplaçait à Paris avec une confiance retrouvée, mais avec une infirmerie pleine de blessés (Terry, Zouma, Matic notamment). De leur côté, les Parisiens invaincus toutes compétitions confondues depuis leur défaite à Madrid (1-0, le 3 novembre dernier) se présentaient avec une équipe quasiment au grand complet. Seul Serge Aurier manquait à l’appel, sanctionné par la direction du PSG et son entraîneur après sa vidéo polémique… Se mettant « hors-jeu tout seul » avertissait Laurent Blanc, l’international ivoirien manquera comme l’an dernier à l’appel des huitièmes de finale de la plus prestigieuse des compétitions européennes, objectif clé du PSG version QSI. Pour le remplacer, le joker de luxe du Paris Saint-Germain, le brésilien Marquinhos était choisi. Et contrairement aux deux années précédentes, le club de la capitale faisait figure de favori pour la qualification pour les quarts de finale…

Dominateur dès les premières minutes, le PSG mettait la pression sur la défense londonienne. Sans parvenir à marquer, le club parisien allait se procurer de nombreuses occasions grâce à un Lucas remuant mais trop imprécis. Positionnés jusqu’alors très haut, les milieux de terrains locaux allaient petit à petit reculer et laisser place à quelques vagues dangereuses de leurs adversaires. Sans un réflexe exceptionnel de Kévin Trapp, Diego Costa aurait d’ailleurs ouvert le score pour Chelsea (23ème). Mais les hommes de Laurent Blanc, forts d’une solidité défensive et d’une confiance au beau fixe allaient remettre le pied sur le ballon. Se procurant un bon coup franc, Zlatan Ibrahimovic allait le frapper. N’ayant plus marqué sur coup franc direct depuis près d’un an, le géant suédois plaçait son ballon et s’élançait. Frappé puissamment à ras de terre sur le côté gauche, le ballon était contré par Mikel et finissait sa course au fond du but de Courtois, battu par le contre de son coéquipier, fautif sur le coup franc (1-0, 39ème). Tout semblait aller pour le mieux pour Paris, qui voyait alors le temps défiler tranquillement. Mais les Blues allaient se procurer un corner en toute fin de première période. Le ballon était touché une première fois avant de finir dans les pieds de John Obi Mikel. Le Nigérian, au club depuis 2006, contrôlait et fusillait à bout portant pour égaliser (1-1, 45ème +1). Au retour des vestiaires, les Parisiens allaient continuer sur leur lancée, multipliant les occasions pour tenter de reprendre l’avantage à la marque. Courtois sauvait plusieurs fois son équipe, avant que Laurent Blanc ne fasse rentrer Edinson Cavani. Remplaçant un Lucas remuant, l’Uruguayen proposait un superbe appel à Di Maria, qui le servait dans le dos de la défense. Devançant la sortie de Courtois et excentré côté droit, le buteur plaçait son ballon entre les jambes du gardien belge, au ras du poteau gauche et inscrivait le but du 2-1 (78ème). Plus rien ne sera alors marqué dans le match, malgré un beau visage du PSG.

Conspué par ses propres supporters, remis en cause par son entraîneur, proche d’être vendu par ses dirigeants et devenu la risée des médias, l’international Uruguayen a répondu de la meilleure des manières aux critiques et interrogations qu’il suscitait. De « Cavachèvre », à « Cavanul », il est passé à « Cavagoal », renouant avec son passé de grand joueur que certains avaient oublié. Rageur, l’attaquant a montré toute sa joie dans sa célébration, faisant exploser un Parc des Princes qui l’avait sifflé samedi face à Lille (0-0). Comme un symbole, les deux joueurs critiqués car peu ou pas assez « décisifs » dans les moments importants, Ibra et Cavani ont marqué hier. Nouveau pied de nez terrible pour ses détracteurs : Kévin Trapp, moqué pour ses boulettes, a rendu une prestation presque parfaite. Auteur de deux parades de grande classe et ne pouvant rien faire sur le but encaissé, le portier Allemand a montré hier pourquoi Paris l’avait recruté. Au jeu du coaching payant, Laurent Blanc a tout gagné.

Mis à mal au milieu de terrain, les Blues de Chelsea ont failli faire un très gros coup à Paris. Marquant sur leur seul temps fort, ils auraient pu repartir avec un très bon résultat, aux vues de la domination Parisienne. Et ce but inscrit pourrait être déterminant au match retour, puisqu’une victoire 1-0 qualifierait le club de Londres. Jouant à merveille la contre-attaque, Chelsea s’est appuyé sur son homme en forme du moment (Willian) pour mettre en danger le PSG. Utilisant particulièrement les côtés, la formation de Guus Hiddink était bien au courant de l’absence d’Aurier, et elle l’a fait savoir. Mais le défenseur central de métier, Marquinhos a réalisé un bon match, malgré quelques imprécisions offensives notamment. Maxwell sur son côté gauche a, quant à lui, fait (comme à son habitude) une bonne prestation, malgré une période compliquée (20-30èmes minutes).

Rendant une très bonne copie et sans avoir réellement été mis en danger, le PSG a malgré tout encaissé un but qui pourrait coûter cher en vue du match retour à Stamford Bridge (le 2 mars prochain). Pour s’éviter quelques frayeurs, le PSG devra serrer les rangs, et notamment dans son milieu de terrain. Néanmoins, avec une telle qualité de jeu et une confiance aussi élevée, on imagine mal une élimination du club de la capitale. Jamais le club parisien n’a semblé aussi fort depuis son rachat à l’été 2011. Mais pour cela, les Rouges et Bleus devront confirmer au match retour pour arracher leur qualification pour les quarts de finale.