Hommage à Raymond Kopa

Raymond Kopa, triple vainqueur de la C1 avec le Real s'en est allé à l'âge de 85 ans | © Real Madrid

Sa classe, son talent et son aura ont fait de lui une légende du football Français. Le « Napoléon du football » nous a quitté vendredi dernier, à l’âge de 85 ans. Hommage à l’un des plus grands sportifs tricolores.

Raymond Kopaszewski. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose, et pourtant, voilà un des hommes les plus respectés dans le monde du sport. Raymond Kopa - de son surnom - est né en 1931 à Nœux-les-Mines, dans le Pas-de-Calais de parents issus de l’immigration polonaise. Originaire d’une famille de mineurs, il suit la trace de ses aînés, et descend dans les mines du nord de la France. Là, il est pris dans un éboulement, et perd son index gauche, sectionné. Mais sa passion pour le football le fait jouer dans son jardin, dans la rue, et jusqu'aux terrains de l’US Nœux-les-Mines à l’âge de 11 ans. Raymond Kopa aura connu une France occupée, et sa région sous domination allemande.

Kopa finira par intégrer le SCO d’Angers grâce au Concours du Jeune Footballeur de 1949. Promis à un contrat de semi-professionnel accompagné d’un poste d’électricien, le jeune joueur ne trouve finalement pas son bonheur, mais obtient un contrat de footballeur professionnel. Il quitte Angers deux ans plus tard, pour un club aux ambitions supérieures : le Stade de Reims. L’histoire extraordinaire commence pour le jeune Raymond Kopa, dans l’un des meilleurs clubs européens du moment. En cinq saisons, l’ancien d’Angers marque 54 buts, et emmène son équipe en finale de C1 en 1956, avant de signer au grand Real Madrid.

De mineur à Ballon d’Or

Champion d’Europe en titre, le Real Madrid fait venir Raymond Kopa en Espagne pour tenter de reconquérir son titre de champion national. Dès sa première saison, Kopa remporte la Ligue des Champions, mais aussi le championnat d’Espagne et la Coupe Latine. Il est alors surnommé « Kopita », pour sa petite taille et son physique facilement reconnaissable. Mais c’est aussi pour son talent : fin technicien et habile dribbleur, il fait tourner la tête des défenseurs adverses. Un an plus tard, Kopa réalise à nouveau le doublé championnat-C1, qui lui vaut d’être sélectionné en équipe de France pour la coupe du monde en Suède. Auteur de brillantes prestations, il emmène avec Just Fontaine (13 buts) la sélection jusqu’en demi-finale. Finalement troisièmes, les Bleus perdent contre le Brésil d’un certain Pelé (auteur d’un triplé), futur vainqueur du trophée Jules-Rimet. Kopa, passeur décisif et buteur à trois reprises durant la compétition, est nommé Ballon d’Or, devant ses coéquipiers du Real : Di Stéfano et son « idole » Puskás.

Entré dans le Panthéon du sport Français

Une Ligue des Champions plus tard (1959), Kopa revient en France, à Reims, où il jouera encore neuf saisons (1959-1968) et marquera 42 buts. Sa carrière en Bleu, elle, aura duré 10 ans. 45 matches, 18 buts de 1952 à 1962. Après plus de 600 matches joués, Kopa est quatre fois champion de France, deux fois champion d’Espagne, triple vainqueur de la Ligue des Champions, Ballon d’Or. Son seul regret sera de « ne pas avoir remporté la coupe de France ». Malgré tout, il est avec Messi et Cristiano Ronaldo, le seul joueur à avoir figuré quatre saisons consécutives parmi les trois premiers du classement du Ballon d'Or. Des faits d’arme qui ont fait l’histoire de ce personnage extraordinaire. Car au-delà des statistiques, ce joueur fut loué partout pour son altruisme, sa capacité à distiller des merveilles de ballons à ses coéquipiers avant-centres. Il aura contribué à façonner cette image du numéro 10 parfait, au toucher de balle soyeux et à un sens de la passe inouï. Kopa, c’est aussi le portrait d’une époque de génies. Fontaine, Vuarnet, Killy, Jazzy, Mimoun, Bonniface, Albaladejo, Poulidor, Anquetil, Jonquères d’Oriola, Tabarly, Halimi, et la liste est encore longue. Des champions en pagaille, des palmarès immenses. Avant Platini et Zidane, l’équipe de France de football avait son héros. Aujourd’hui, les Bleus et le Real Madrid pleurent « Le Petit Napoléon », parti retrouver ses coéquipiers d’attaque Di Stéfano et Puskás. Reims souhaite lui ériger une statue, Angers souhaite rebaptiser son stade, assurément, Raymond Kopa laissera une trace éternelle dans le sport français.

QG

La légende du Stade de Reims pourrait avoir sa statue dans la ville champenoise | © Stade de Reims

"Ce Ballon d'Or est sans doute moins beau que celui d'aujourd'hui, mais au moins il en contient plus, de l'or !" Raymond Kopa | DR