Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le Petit Reporter Sportif

Fusion Stade Français/Racing: chronique d'une aberration

15 Mars 2017 , Rédigé par Quentin GESP Publié dans #Rugby 2016-2017, #supporters, #économie du sport

Par le biais d’un communiqué, le Stade Français et le Racing 92 ont annoncé leur fusion, effective dès la saison prochaine. Créant immédiatement la polémique, ce rapprochement est à l’image de leurs deux propriétaires : un aberrant choix d’homme d’affaires.

Le Stade Français et le Racing devraient fusionner pour la saison prochaine | Thomas SAMSON / AFP

Fusion. La dernière fois que ce mot avait été prononcé, c’était pour un éventuel rapprochement entre le Biarritz Olympique et l’Aviron Bayonnais, alors encore en Top 14. Depuis les deux clubs ont coulé en Pro D2, avant que Bayonne ne remonte (et ne s’apprête à redescendre). Biarritz, toujours en course pour une remontée, avait tenté un rapprochement inédit pour échapper – en vain – à la descente.

Mais s’il est une fusion à laquelle personne ne s’attendait, c’est bien celle-ci : le Stade Français Paris s’apprête à fusionner avec le Racing 92. Deux des clubs les plus riches du Top 14, les deux plus anciens clubs Français, les deux premiers champions de l’histoire du championnat de France. Tout les liait, mais tout les opposait dans le même temps. Désormais, ils ne formeront plus qu’un club parisien.

Stade Français, la terrible chute

Sur la pente descendante depuis 2009, le club parisien avait finalement obtenu le titre de champion de France 2015. On s’attendait alors à un retour sur le devant de la scène des Rose et Bleu. Mais après une saison mitigée et des pertes pour la société Oberthur (détenue par la famille Savare), le Stade Français s’était alors lancé à la recherche d’un repreneur. Thomas Savare, son président, n’avait plus les moyens d’investir autant que par le passé (plus de 20 millions d’euros depuis 2011).

Depuis deux mercatos, le Stade Français ne recrutait quasiment plus. Cette saison, un exode massif de joueurs était intervenu en vue de la saison prochaine (Bonneval, Doumayrou, Lakafia, Sinzelle, Slimani notamment). Mal en point sur le terrain, le club de la capitale s’apprêtait à vivre une saison 2017-2018 encore plus compliquée, faute de repreneur et de recrutement.

Un projet surréaliste

Max Guazzini quittant le club en 2011, c’était déjà une première page qui se tournait pour le Stade Français. L’homme d’affaire Thomas Savare, supporter, venait sauver le club d’une rétrogradation en deuxième division. Guazzini, âme de la « Pink Army », venait de permettre au Stade Français de rénover son stade Jean Bouin. Un stade qu’il n’aura jamais eu la chance de voir en tant que président. Avec le projet de fusion, le stade de la Porte de Saint-Cloud serait délaissé, au profit de la U-Arena de Jacky Lorenzetti. Des installations neuves, des travaux qui auront duré plus de 5 ans (aux frais du contribuable), et un terrain qui serait quasiment abandonné… La mairie de Paris s’est déjà prononcée contre cette fusion, qui lui ferait perdre des locataires permanents.

Quid également de cette fusion entre deux clubs totalement différents ? Le Racing, club attaché à ses valeurs et son histoire, confronté au Stade Français, club qui a rebâti une histoire à la fin des années 90, qui a fait naître le professionnalisme en France et rendu la rugby attractif ? Sans parler des derbys, tous plus chauds les uns que les autres, et souvent décisifs dans une saison…

Jacky Lorenzetti, président du Racing, l’a avoué a demi-mot: la « fusion » a été motivée pour empêcher les Qataris de reprendre le Stade Français. « Plutôt additionner le Stade Français [au Racing 92] que de prendre le risque de se retrouver dans une concurrence qui aurait pu être faussée » confiait-t-il a France Info. Plutôt reprendre les Rose et Bleu que de se faire dépasser par ceux-ci…

 

Des joueurs abasourdis

Depuis l’annonce ce matin, les réactions fusent de partout. Les jeunes pousses du Stade Français expriment leur colère, et affirment leur désir de ne pas porter le maillot de cette nouvelle équipe parisienne, les joueurs historiques se murent dans le silence, tandis que les anciens n’apprécient pas cette idée. Les supporters, de leur côté, ont lancé des projets pour devenir actionnaires de leur club, et une pétition devrait être proposée.

Samedi prochain, à Castres, les joueurs ont déjà annoncé leur souhait de boycotter la rencontre, et se sont mis en grève. « Plus fort ensemble » dit le communiqué. Joueurs et supporters ne l’entendent pas de cette oreille. La Ligue, la fédération, et le syndicat des joueurs – Provale – non plus. Le prochain derby (et sans doute le dernier) à Jean Bouin le 29 avril prochain s’annonce en tout cas bouillant, sur et en dehors du terrain.

Quentin GESP

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article